Nous sommes de retour à Berlin pour une semaine. Nos journées sont bien remplies, mais on prend le temps de flâner un moment dans l'un de nos quartiers préférés : Neukölln-nord.

Pour cette visite, on décide de marcher le long de la Sonnenallee ou la "rue arabe" comme l'appellent certain·es Berlinois·es. Au total : 38 minutes de marche de Hermannplatz à la station de S-Bahn Sonnenallee.

Tout juste après être parti·es de Hermannplatz, on fait un premier stop à Al Faisal Grills and Restaurant, un petit resto syrien toujours rempli de monde. On commande un manousheh pour deux à partager sur le chemin.

Les doigts pleins de zaatar et d'huile d'olive, on s'engage de plus en plus loin dans la rue. Les panneaux des commerces transitionnent de l'allemand à l'arabe, les boucheries halals font leur apparition, le dialecte nous entourant finit par être de l'arabe uniquement.

On fait notre second arrêt à Akroum Snack, un minuscule bistrot qu'il serait facile de rater. On commande un fatteh à partager (l'un des meilleurs fatteh que je connaisse) : crémeux, généreux, avec des morceaux de pita frits, croustillants à souhait.

En attendant notre commande, on se prépare un thé chacun, suivant la méthode habituelle de ce type d'établissement :

  1. Prendre un verre.
  2. Y verser quelques centimètres de thé noir du robinet n°1.
  3. Remplir le reste du verre avec l'eau chaude provenant du robinet n°2.
  4. Ajouter beaucoup de sucre.
  5. Mélanger, goûter et ajuster les ingrédients si nécessaire.

Notre commande arrive, on va s'installer au fond du restaurant. De là, Robin a un excellent point de vue sur le reste des tables... ce qui nous permet d'apprendre une nouvelle technique pour manger le fatteh !

Habituellement, on avait tendance à surremplir notre pain pita de fatteh, ce qui le rendait difficile à manger proprement. Robin a maintenant pu observer que certaines personnes prennent un petit bout de pita, le plient en forme de cône, remplissent ce cône de fatteh et le mangent en une seule bouchée. Testée et immédiatement approuvée.

À ce stade de la balade, nos estomacs commencent à être bien pleins (on avait aussi mangé un petit-déj y a pas longtemps). On s'arrête au fil des étals sur le chemin pour admirer les différents produits présentés : des feuilles de vigne en pot, des nouilles instantanées avec branding arabe, de l'houmous vendu en petits cartons, de gigantesques sacs de lentilles corail, des barquettes de dattes séchées, toute une panoplie d'équipements pour barbecue (charbon, gaz, grills).

Oh, un instant. On revient sur nos pas pour un stop aux saveurs sucrées. On n'avait jamais remarqué ce magasin auparavant : Malek Al Konafeh. À voir par la vitrine, ils se spécialisent apparemment en künefe, un dessert fait à partir de fromage et de cheveux d'ange, imbibé de sirop et recouvert de pistaches. On prend une part de künefe et on la savoure à une table devant le magasin. Elle remplit le peu d'espace qu'il restait dans nos estomacs.

On en profite pour observer ce qu'il se passe autour de nous. Ça klaxonne, une petite voiture rouge s'arrête en plein milieu de la route, le conducteur sort de la voiture et remplace soudainement sa plaque d'immatriculation. On continue à tirer et à manger les fils fromageux de notre dessert.

Certains autres conducteurs sortent à leurs tours de leurs véhicules et se mettent à discuter au milieu de la route. Une grosse voiture blanche sort d'une place de parking, immédiatement remplacée par la petite voiture rouge. Le conducteur de la voiture rouge remplace à nouveau sa plaque d'immatriculation — il la met cette fois à l'envers.

Alors qu'on est à deux doigts d'exploser, on continue notre traversée de la Sonnenallee : boutiques offrant robes de mariées et hijabs, magasins de pâtisseries vendant de gigantesques gâteaux colorés et des baklavas, vitrines de bijoux en or, boui-bouis à Döners, présentoirs de divers objets brillants pour déco intérieur.

On s'approche de la station de tram Sonnenallee, le chaos de la rue se mollifie, il y a moins de monde, moins de bruit, plus d'espace. Mais la véritable extrémité de la rue arabe est sans doute marquée par un magasin spécialisé en "tenues pour rave techno" — pour la plupart des habits en cuir noir qui ne cachent pas grand-chose.

On fait un dernier stop en arrivant vers la station. On commande un café filtre et un flat white dans un coffee shop hipster qu'on connaît bien. Des étudiant·es et jeunes professionnel·les sont installé·es par-ci par-là, certain·es portent des beanies, des grosses bottes noires, la plupart travaillent sur leurs ordis. De notre table, on peut voir et entendre le S-Bahn passer sur les rails.

Alors qu'on boit nos cafés, on a comme l'impression de sortir d'un rêve, un rêve s'étant déroulés sur trois kilomètres. On se réveille gentiment.


Si cet article contient des anglicismes et autres expressions un peu bizarres, c'est qu'il a été traduit de l'anglais. Sorry.

Voir l'article d'origine (en anglais)

Crédits photo : Michael Pieracci

— clara

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