Yerevan est la capitale et plus grande ville d'Arménie (pas très difficile quand la deuxième, Gyumri, compte à peine 100'000 habitant·es).

La ville a décuplé de taille durant les cinquante années où elle a été annexée à l'URSS. Résultat des courses, on ressent la planification urbaine très soviet des routes qui ressemblent un peu à ça :

Une représentation iconographique et simplifiée de Yerevan. Un grand cercle quadrillé de diagonales perpendiculaires. Les deux diagonales du haut (formant un X) sont dessinées en plus épais, représentant les deux artères principales.
Une grande route fait le tour du centre-ville, qui est ensuite quadrillé de plus petites routes. Deux grands axes centraux se rencontrent au pied du monument le plus connu (et le seul) de la ville : la cascade.

Pour s'y déplacer, c'est à pied (trente minutes pour traverser le rond en diamètre), en métro, en minibus, en trolley ou en voiture. Parlons-en.

Le métro

Tout comme ses rues et pas mal de son architecture, le métro de Yerevan remonte aux temps de l'URSS. C'est grâce à ça qu'on a de magnifiques fresques soviétiques à toutes les stations.

Le métro est sûrement le moyen de transport le plus facile à utiliser à Yerevan. Pour commencer, il n'y a qu'une ligne et un total de dix stations — plus facile pour s'orienter. Deuxièmement, il y a toujours au moins trois employé·es en permanence à chaque station, qui peuvent ainsi vous aider s'il y a des problèmes. On s'explique :

En arrivant à la station, vous commencez par acheter des jetons orange fluo1. Vous voulez ces jetons non pas parce qu'ils sont orange fluo, mais parce que vous vous en servirez comme ticket. Il y a une caisse à chaque station où travaillent deux dames qui vous les vendent sans dire un mot — un jeton, 100 drams, seulement en cash. Encore plus silencieux et rapide qu'un distributeur automatique.

Robin tient dans sa main deux jetons orange fluo.
Oh les jolis jetons.

À environ 3 mètres de ces caisses se trouvent les tourniquets d'entrée. Une autre employée — enfermée seule dans une petite boîte rouge, la pauvre — surveille de près ces tourniquets. Insérez votre jeton orange fluo dans le tourniquet pour pouvoir accéder au métro.

Entrée de la station de la gare. Il y a des fresques soviétiques sur les murs. Devant nous, une cabine rouge où se trouve une employée, trois tourniquets qui mènent à des escaliers roulants.

On a observé ce manège un moment et tout le monde passe par la case "caisse à jetons" sans exception — on ne les achète apparemment pas en avance. La chorégraphie : déposer l'argent sur le comptoir, les dames glissent le jeton en silence dans l'autre sens, prendre le jeton, marcher 3 mètres, insérer le jeton et passer le tourniquet. En l'espace de 10 secondes, on acquière et se débarasse d'un joli jeton orange fluo. Encore plus excitant que le trading !

On a lu quelque part qu'il existerait des cartes de métro qui rendraient ce système plus efficace. Effectivement, on a vu que certains tourniquets étaient équipés d'un lecteur de carte. Par contre, on nous a aussi fait savoir que personne n'utilise ces cartes de légende.

Au fond, pourquoi s'attarder sur ces menus détails ? Carte ou pas carte, le système de métro aurait de toute façon besoin de tout ce personnel. Et oui : il est aussi là pour veiller à ce que les règles soient bien respectées.

Robin en a fait l'expérience lui-même alors que, tout émerveillé par la beauté socialiste de la station, il n'a pu s'empêcher de prendre une photo. "запрещено! запрещено!" On se retourne et on aperçoit la dame de la boîte rouge sortir (!) de sa boîte rouge pour nous faire comprendre qu'il est interdit de prendre des photos de la station. Elle insiste pour qu'on supprime la photo en partant...

Verrouillez votre porte, fermez vos rideaux, on a tout risqué pour garder notre liberté d'expression. Voici l'image illicite, à regarder à vos risques et périls.

Vous êtes rebelle ? Vous êtes anti-anti-photo ? Vous aimez le orange fluo ? Cliquez ici pour dévoiler la photo interdite 🤘Un couloir de station blanc et bien éclairé, des magnifiques voûtes bordent les côtés. Une personne marche le long du couloir.

Bref, le métro à Yerevan, c'est chouette.

Le bus

Si la seule ligne de métro ne vous suffit pas, il y a également les bus et minibus. À priori, ça coûte le même prix que le métro, ça vous amène à plus que dix stations, il y en a relativement souvent — bref, que des avantages !

Seul problème : comment savoir quel bus / minibus va où, quand, comment, pourquoi ? On a mis quelques jours à comprendre que la solution est simple, il suffit d'utiliser Yandex Maps (Яндекс Карты) — la compétition russe au Google Maps américain.

Vue de l'intérieur d'un bus depuis nos sièges à l'arrière du bus. Ça ressemble à n'importe quel bus rempli de monde.
Un bus yerevanais qui ressemble à n'importe quel autre bus

Une fois l'itinéraire trouvé sur l'application, allez à l'arrêt indiqué sur la carte, priez que le bus arrive bien, lorsque (oui !) il apparaît bien au loin, secouez la main pour qu'il s'arrête, montez à l'avant du bus, payez 100 drams, surveillez l'avancée du repère GPS sur votre téléphone, appuyez sur le bouton "stop" avant votre arrêt, descendez, bravo ça mérite carrément une biscotte !

C'est tout simple quoi.

Le minibus

Le minibus, c'est pas beaucoup plus compliqué que le bus. On utilise aussi Yandex Maps, on prie aussi avant l'arrivée du minibus, on secoue aussi la main, et ensuite... on cherche une place.

Coupe d'un minibus vu du haut :

Illustration caricaturale d'un minibus vu du haut. On indique : le siège du chauffeur, les grigris religieux accrochés au rétroviseur, la place à côté du chauffeur avec la plus belle vue, le petit escalier à l'entrée du véhicule, le peu d'espace (30 cm) qu'il y entre les sièges, l'espace réservé aux gros bagages à l'arrière.

Si toutes les places sont occupées, il est aussi possible de rester debout — même si c'est un challenge pour certain·es.

Robin est debout dans le minibus, sa tête touche le plafond. Le reste du minibus semble bien rempli, les gens sont sur le téléphone dans la pénombre. Robin fait un grand sourire à l'objectif.
Le certain en question

Comme pour le bus, surveillez de près votre point GPS, car il faudra vite crier : "KANGARUM KANGNEK". Ce qui se traduit par "ARRÊTEZ-VOUS ICI". Avec un peu de chance, le chauffeur saura garder le contrôle du véhicule, ce qui résultera en la mort de personne.

Quelle réussite ! Dans l'euphorie de ce moment, n'oubliez pas de payer le chauffeur en sortant du minibus (toujours 100 drams).


Pour ce qui est des trolleys, on n'a malheureusement pas pu tester. Il paraît que le trajet n'est que de 50 drams. Il faudra qu'on y retourne pour vérifier ça nous-mêmes.

Kangarum kangnek !

— clara & robin

Footnotes

  1. françaisfacile.com nous dit "[qu']un adjectif de couleur est toujours invariable quand il est composé de deux mots". On savait pas, intéressant.

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