Sur la terrasse ensoleillée d'un café à Istanbul, on commence à discuter avec des gens du coin. Ils nous demandent quels sont nos plans de voyage pour la suite. On leur parle d'Ankara (ok, passage obligé), de Trabzon (ils font la grimace), et d'Amasya (grand sourire d'approbation).

Plutôt content·es de nos décisions de voyage, on s'engage quelques jours plus tard pour un super trajet en car direction Amasya, dans la région de la mer Noire. Amasya, petite ville aux airs de village, entourée de montagnes et traversée par la rivière Yeşilırmak. C'est pittoresque, c'est idyllique, les Turc·ques y vont pour un week-end flâneur ou pour se marier.

Mais au-delà de l'instagrammable, pourquoi Amasya est-elle tant aimée des touristes ?

Pour son charme ottoman

La photo carte postale d'Amasya ressemble habituellement à ça :

La rivière qui traverse Amasya, bordée de maisons traditionnelles ottomanes, surplombées par des montagnes rocheuses

La rivière est bordée de maisons traditionnelles (Yalıboyu Evleri) qui remontent à l'époque ottomane. Beaucoup ont aujourd'hui été rénovées et ont été reconverties en magasins de souvenirs, hôtels et restaurants. Cet héritage ottoman est notamment mis en avant parce que la ville est connue pour tous les fils de sultans qui y ont grandi. Tout comme les maisons traditionnelles, les statues de ces princes lignent la rivière.

Pour son air pur montagnard

Située à 80 km de la mer Noire, dans une vallée entourée de montagnes, on va aussi à Amasya pour profiter de son air pur — ou en tout cas plus pur qu'à Istanbul.

L'attraction la plus sportive de la ville est une randonnée jusqu'à la citadelle, au sommet de Harşena. Ok, Harşena n'est pas vraiment une montagne (plutôt une colline) et la rando dure environ une heure... sur une route bétonnée. On comprend presque pourquoi tout le monde monte jusqu'à la citadelle en voiture. Difficile de se sentir en communion avec la nature avec tant d'asphalte sous les pieds.

Par contre, on est d'accord, le panorama qui s'ouvre du haut des ruines de la citadelle vaut le détour.

Selfie de Clara et Robin avec leur thé chaud. En fond, la ville d'Amasya vue d'en haut.
Même pour une petite marche d'une heure, il y a l'obligatoire pause-thé intermédiaire.
Robin marche jusqu'à la tour finale de la citadelle, un drapeau turc flotte dans le ciel.
On arrive tout en haut de la citadelle.
Vue plongeante sur Amasya depuis la citadelle, les montagnes en fond.
Le panorama vu du haut

Sur le chemin de descente, un couple âgé qu'on avait croisé dans les ruines s'arrête et nous propose de nous pousser un bout. On communique comme on peut et on nous dépose au centre-ville. On est touché·es par l'attention et content·es de ne pas avoir à faire la rando bétonnée dans les deux sens !

Pour sa cuisine atypique

Chaque coin de Turquie semble avoir ses propres spécialités. Amasya ne fait pas exception à la règle, on la connaît surtout pour ses pommes que les touristes ramènent en souvenir.

Le thé en Turquie est une véritable religion. La version régionale consiste à y intégrer des pommes séchées, ce qui donne au thé des saveurs hivernales. C'était pas mal, mais au fond, on préfère la version classique : amère et sucrée.

On trouve également quelques autres spécialités typiques de la région. On goûte notamment :

  • le çörek (petit pain-biscuit aux noix et pavot),
  • les bakla dolması (feuilles de vignes farcies façon Amasya),
  • les mantı d'Amasya (raviolis turcs façon Amasya),
  • le keşkek (porridge de blé et viande),
  • le toyga çorbası (soupe de blé, yaourt, pois chiches),
  • le şirası (jus de fruits et épices)
Robin tient dans sa main un çörek, un petit pain-biscuit aux noix et pavot
Çörek, petit pain-biscuit aux noix et pavot
Mantı au premier plan et dolma dans l'assiette de Clara — avec sourire crispé en bonus
Mantı au premier plan et dolma dans l'assiette de Clara — avec sourire crispé en bonus
Nos plats de keşkek, pilaf, toyga çorbası, ainsi que nos verres de şirası
Du premier au dernier plan : keşkek, pilaf, toyga çorbası. Sur la gauche, non pas des verres de vin mais de şirası.

Pour ses chambres d'hôtels

On vous le disait, nombreuses des maisons traditionnelles bordant la rivière et donnant sur les montagnes sont aujourd'hui des hôtels. Miraculeusement — sûrement parce qu'on est en saison basse — on a pu réserver trois nuits dans l'une de ces chambres à un prix plus que correct.

Et on en a bien profité. Car lors de notre visite à Istanbul, Clara avait choppé un virus qu'elle a ensuite généreusement refilé à Robin. Bon timing, c'était juste le temps de passer deux nuits fiévreuses dans un lit bien confortable avec vue sur la rivière — le luxe quoi.

On se fait des thés à la maison, des petits snacks au chaud, mais aussi le dernier soir une dégustation de vin (atmosphère prohibition). Et oui, étant en terre musulmane (et relativement pratiquante), il n'est pas très commun de voir des boissons alcoolisées au menu. Vu qu'on voulait quand même goûter un vin de Turquie, on a mis en place un plan d'action avancé :

  1. Trouver un magasin qui vend du vin. On a un peu galéré avec cette première étape, car la plupart des supermarchés ne vendent pas d'alcool. On a dû aller dans un grand supermarché Migros1 pour dégoter une bouteille de vin.
  2. Boire le vin. Arrivé·es à la chambre, on réalise que les seuls récipients à notre disposition sont des tasses en céramique. Après environ 2,5 secondes d'hésitation, on se verse deux tasses et on déguste le vin comme du chocolat chaud.
  3. Se débarrasser des preuves. Le jour de notre départ, on se sent mal de laisser derrière nous ces preuves de débauche accablantes. Robin embarque la bouteille (vide) dans son sac... et l'y oublie jusqu'à notre destination suivante, huit heures de bus plus loin.
Une bouteille de vin rouge accompagnée de sa tasse de céramique
Les preuves de débauche

Pour se balader

C'est très bien tout ça, mais finalement, on a aussi aimé simplement flâner dans les rues de la ville. Voici quelques autres aperçus de nos deux journées à Amasya :

Une ruelle dallée donnant sur une montagne Une ruelle bétonnée donnant sur une montagne
Des ruelles donnant sur les montagnes

La mosquée d'Amasya vue de côté

Deux petits vieux marchent dans la rue, leur bonnet enfoncé jusqu'à juste en-dessus des oreilles.
Des petits vieux portant des bonnets s'arrêtant au-dessus des oreilles — un style qu'on voit partout en Turquie.
Une cabine téléphonique en forme de dauphin Une cabine téléphonique en forme de goéland
Des cabines téléphoniques dernier cri

Un petit magasin de théières dans un coin de rue. Une vieille dame passe devant en marchant. Statue de la place centrale d'Amasya. Plus loin, la mosquée. En fond, les montagnes.


Si vous êtes un prince ou un·e amoureux·se de la nature, n'hésitez plus, faites un détour par Amasya !

Robin pose devant le mot "AMASYA" à prendre en photo par les touristes

— clara & robin

Footnotes

  1. Oui, c'est le même orange et quasi le même logo que notre Migros suisse. Par contre, on ne sait toujours pas s'il existe un lien entre les deux. Mystère à creuser, récompense (en biscottes) à la clé. Mise-à-jour : Le papa de Robin gagne la biscotte en allant fouiller dans l'article Migros (Suisse) de Wikipédia : "Une tentative infructueuse de développement à l'étranger a eu lieu en 1955, en Turquie, qui se soldera par un échec pour Gottlieb Duttweiler. Le groupe turc Migros n'a plus de lien avec l'entreprise suisse depuis 1975." Puis dans l'article Migros (Turquie) : "D'abord société sœur de la Migros suisse, la société est une société indépendante depuis 1974."

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