Notre passage à Shymkent marque notre retour au Kazakhstan. "Retour" est peut-être un peu exagéré car on aura seulement traversé (en mode express) l'extrémité ouest du pays avant d'arriver en Ouzbékistan.

Nous voilà quelques semaines plus tard à l'extrémité est. On passe la frontière Ouzbékistan – Kazakhstan direction Shymkent, 1'200'000 habitants, deuxième ville du pays.

1 frontière

Dans nos passages de frontières mémorables, on compte :

On n'aurait pas pensé ajouter à cette liste la frontière qui sépare Tachkent de Shymkent... et pourtant.

Illustration de la distance d'environ 115 km entre Tachkent et Shymkent
La frontière entre Tachkent (Ouzbékistan) et Shymkent (Kazakhstan)

Sur papier, aller de Tachkent à Shymkent n'est pas très compliqué. Ça se résume en : métro – bus – douane – taxi partagé. On vous explique.

Pour le métro, c'est facile. Il y a bien le contrôle des sacs à l'entrée, mais comme on a beaucoup été à cette station ces derniers jours, les gardes nous connaissent et jettent à peine un regard à nos gros sacs de voyage. On prend la ligne verte jusqu'à l'arrêt Shahriston.

Le bus 169 s'arrête juste à côté de l'arrêt Shahriston. On a juste le temps d'acheter quelques snacks frits pour le petit-dej avant de sauter dans le bus. Ne faites pas l'erreur de débutant de Robin et attendez l'arrivée de l'assistant chauffeur (en charge des billets) pour taper votre carte bancaire sur la machine — ça évite des histoires ("si si, on a déjà payé !").

Arrivé·es à la douane (le terminus), on suit la foule entre deux barrières. On ne comprend pas pourquoi tout le monde nous dépasse — on va tous au même endroit, non ? C'est quand on arrive dans un gigantesque hall que tout s'explique : ici, c'est chacun·e pour soi. Le concept de "queue" n'existe plus, on est dans une compétition où chacun·e essaye d'arriver à la douane avant les autres, et tous les coups sont permis.

Il y a des gens partout dans le hall de douane qui semble être complètement désorganisé.
C'est le chaos dans le hall de la douane.

On passe la "sécurité" la plus risible du monde (deux sacs sur trois passent tout droit à côté du détecteur à rayons X), et parvient à se faire un chemin jusqu'au début d'un semblant de file. Il faut maintenant essayer d'y rester. À tout moment, une personne se trouvant sur notre droite/gauche/arrière tente de nous dépasser "en douce". On a assisté à quelques techniques avancées de dépassement :

  • Le bébé qui pleure — Une maman secoue son bébé pour le faire pleurer. Elle insiste ensuite pour passer à l'avant de la file, pendant que le bébé hurle dans vos oreilles. Très efficace : on l'a vu au moins quatre fois.
  • L'assistant de la maman — Quand un bébé se met à pleurer, l'assistant entre en jeu. Il va aider la maman et son bébé à faire leur chemin vers les douaniers. Une fois arrivé à l'avant, l'assistant y reste.
  • La maman en confiance — Une maman va directement poser son passeport et celui de ses enfants sous le nez d'un douanier, un bébé sur la hanche. Elle demande à passer TOUT DE SUITE jusqu'à ce que le douanier cède.

Vu qu'on n'avait pas de bébé sous la main (Robin a bien essayé de chouiner un moment), on a passé 45 minutes dans la file avant de finalement arriver devant un douanier. On présente les certificats de toutes nos nuits passées en Ouzbékistan et, bien en règle, on passe la douane.

Du côté kazakh, il y a cinq files bien distinctes et ordonnées, les douaniers parlent anglais, on passe en 10 minutes chrono : "Welcome to Kazakhstan".

Après la douane, on tombe sur les échangeur·ses de monnaie et conducteurs de taxi. On change nos derniers som ouzbeks en tenge kazakhs à un taux imbattable.

Pour la fin du trajet, on prend un taxi partagé jusqu'à Shymkent. Ce sera notre négociation la plus fructueuse d'Asie centrale : deux sièges pour 7000 tenge jusqu'à notre hôtel. (On voit par la suite que deux dames qui parlent kazakh payent 4000 tenge par personne. Très satisfaisant.)

2 pieds dans l'eau

De nos trois jours à Shymkent, deux sont pluvieux. On a droit à un véritable déluge : l'eau de pluie coule à flot dans les fossés de drainage, beaucoup débordent et inondent les routes, c'est le chaos.

Une dame passe avec un parapluie, une voiture roule dans une grosse flaque, créant une énorme éclaboussure. De l'eau s'engouffre dans un fossé de drainage à toute allure.
Le trottoir est complètement inondé. Robin longe une fine bande sèche sur le côté.
Robin trouve un bout de trottoir sec...
Clara suit Robin sur le trottoir inondé, jouant à un jeu d'équilibriste sur une bande sèche surrelevée.
...et Clara aussi.

On fait notre chemin jusqu'au café le plus proche (15 minutes à pied, ça en prendra 30) sous la pluie battante. Les voitures sont coincées dans des bouchons. Les piéton·nes essaient de déterminer le chemin le plus sec et se suivent, zigzagant entre les files de véhicules, marchant en équilibre sur les murets, sautant au-dessus des flaques... pour inévitablement tomber en plein dedans.

Un monsieur en veste de pluie prend son élan avant une grande flaque.
Certains prennent leur élan...
Il saute au-dessus de la flaque
...et sautent ! (Spoiler : il rate l'autre extrémité d'au moins un mètre.)

3 stops journaliers

Malgré la pluie, on a plutôt aimé Shymkent. Notre chambre d'hôtel — une "Junior Suite", c'est-à-dire qu'il y a une petite table avec deux fauteuils à côté du lit — nous paraît le luxe absolu après celle de Tachkent (deux lits simples entre quatre murs en tôle). Notre petite routine journalière y est aussi pour beaucoup.

Premier stop

Une bonne surprise : notre hôtel donne directement sur un grand marché local. On déambule entre les stands de nan frais, légumes, vêtements et gadgets en tous genres pour aller chercher des samsa tout juste sortis du four tandir. Cette atmosphère de marché, grouillante de vie, de mouvements et d'odeurs nous ravit.

Des gens marchent entre les stands de nan et habits.
Le marché extérieur
Dans un hall couvert, on voit des stands d'oeufs empilés, d'huile de cuisine et autres nourritures.
Le marché intérieur
Des dames vendent des pommes rouges, vertes et jaunes.
Un stand de pommes, fierté du Kazakhstan

Deuxième stop

Avant et/ou après l'activité du jour, on ne manque jamais de s'arrêter à un café. (Prétendez au moins un peu de surprise, SVP.) On repère vite LE meilleur café du coin, où on s'installe comme à la maison.

On y bouquine, fait des recherches pour la suite du voyage, écrit des articles. Et bien sûr, on fait le plein de caféine !

À la table d'un café, Clara et Robin ont d'énormes sourires face à leurs flat white.
On est toujours très content·es à la pause café !

Troisième stop

Le café, c'est pour la tête et pour le cœur, mais il nous faut encore remplir nos estomacs. Le soir venu, on choisit inévitablement une cantine koryo-saram. Habituellement, c'est le kuksi (dans sa variante chaude ou froide) qui l'emporte aux côtés des autres options du menu.

Un soupe de nouilles kuksi aggrémentée de viande, concombres, radis, et autres légumes.
Kuksi 1
Une soupe de nouilles kuksi avec des ingrédients légèrement différents : carottes, viande, chou.
Kuksi 2

On n'aura finalement pas passé beaucoup de temps à Shymkent — un arrêt initialement choisi pour faciliter notre trajet entre Tachkent et Almaty (l'autre option étant un train direct de 17 heures qui part à 4:30 du matin de Tachkent : non merci). On est très content·es d'avoir pu découvrir une partie de cette petite ville !

Avec ou sans la pluie, elle nous aura charmé·es par sa taille, son marché, ses cafés et ses cantines.

Un dernier saut (au-dessus d'une flaque) et on se retrouve à Almaty !

Il fait nuit. Le train arrive à la gare, où le sol est encore mouillé de la pluie.
Notre train de nuit pour Almaty

— clara & robin

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