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Chez les hippies de Dali
Deux jours en terre bohème
On en entendait déjà parler depuis Chengdu : Dali (大理, Dàlǐ), la ville décontractée, fleurie, où il fait bon vivre et où c'est le printemps toute l'année — la ville des hippies.
Lors de notre passage de deux jours, on y aura bien trouvé décontraction, fleurs et hippies... mais pas comme on l'aurait imaginé.
Hippies
Notre hôtel se trouvait à deux pas des murs du "vieux quartier". Comme beaucoup d'endroits en Chine, ce quartier n'a de vieux que le nom, et la majorité des bâtiments sont nouvellement construits dans un style "ancien".
Ce vieux quartier est le hub commercial et touristique de la ville : bars à la mode, restaurants populaires, magasins d'artisanat, le tout dans un enchevêtrement de ruelles colorées.
On s'y fraye un chemin pour la première fois en soirée. Les rues sont bondées de monde, les commerces sont décorés de guirlandes lumineuses, des stands de snacks se partagent le trottoir, les hippies s'arrêtent aux magasins de souvenirs.
Les "hippies" à Dali ne le sont que pour la durée de leurs vacances. Comme dans tout lieu touristique en Chine, Dali a son dress code. À Xi'an, on s'habille en princesse ; à Shangri-La, c'est en costumes traditionnels tibétains ; à Dali... c'est en hippie.
Fleurs
Les Chinois·es aiment les fleurs — on le voit rien qu'au choix des arbres qui lignent les routes : flamboyants, arbres corail, sakura, jacarandas ou lilas des Indes plutôt que des platanes. Différentes villes de Chine sont connues (et visitées) pour une fleur spécifique : pivoine à Luoyang, sakura à Wuhan, méihuā à Nanjing.
À Dali (et dans le reste du bas-Yunnan), c'est la rose.
Résultat : en se baladant dans les rues, on remarque tout un tas de produits à base de rose : pâtisseries à la rose (xiānhuā bǐng), jus de rose, alcool de rose, cosmétiques à base de rose, bijoux ou habits à thème rose, etc. Étonnamment, on ne voit pas de rosiers (on en verra plutôt dans des parcs).
C'est très bon, mais c'est pas ça qui va combler nos appétits. Heureusement, le centre offre aussi d'autres spécialités culinaires bai1 qu'on s'est empressé·es de goûter.
Décontraction
Malgré quelques cafés sympas, on n'est pas tombé·es amoureux·ses du vieux quartier. Il était un poil trop touristique et artificiel pour nous. Par contre, on a trouvé la décontraction promise aux abords du centre, à quelques kilomètres de vélo.
Dali se trouve sur la côte ouest du magnifique lac Erhai.2
On apprend qu'une voie verte a été construite tout le long de la côte ouest du lac. On se lève tôt, loue deux vélos à un des nombreux magasins de location du centre, et se lance dans notre première sortie à vélo digne de ce nom depuis des lustres. L'objectif : le village de Xizhou (喜洲, Xǐzhōu), à une vingtaine de kilomètres au nord de Dali, et donc 40 kilomètres aller-retour. Nos cuisses seront-elles encore à la hauteur ?3
Après quelques kilomètres de voie verte, on a compris qu'il n'y a pas beaucoup de cyclistes et encore moins de piéton·nes. La piste est interdite aux scooters et des barrières leur empêchent l'accès, mais si vous voulez louer un scooter électrique SUR la voie verte, pas de soucis. Suite logique : tou·tes les touristes chinois·es sont sur des petits scooters électriques bridés à 20 ou 30 km/h. Ils dépassent beaucoup Clara, et ralentissent Robin qui les dépasse en slalomant (avant de se faire redépasser en attendant Clara plus loin).
Les cheveux au vent (les oreilles au vent pour Robin), on profite de la magnifique voie verte et des bords du lac. On est très content·es de remettre les pieds aux pédales — quelle sensation libératrice que de rouler après tous ces mois limités à la vitesse de nos pas !
![Des 'hippies' en habits bleu et blanc se baladent sur l'herbe entre les arbres.](/static/images/20240414_115435_dali-verdure-lac.webp)
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On traverse des coins de verdure, on fait des slaloms, des pauses sous les arbres ou au bord de l'eau. De temps à autre, on quitte la voie verte pour visiter un village sur le chemin. On prend quelques photos d'architecture bai et des champs qui s'étendent au loin.
![Clara pédale dans un village bai dont on reconnaît l'architecture distinctive : murs blancs, toits gris et bande décorative au sommet des maisons.](/static/images/20240414_102959_dali-clara-village.webp)
![Robin pédale dans les ruelles en montrant une bande décorative peinte sur un mur.](/static/images/20240414_102727_dali-robin-village.webp)
![Un champ d'oignon vert s'étend jusqu'aux maisons d'un village.](/static/images/20240414_102130_dali-champ.webp)
![Un étang, des maisons et les montagnes qui s'effacent dans le ciel.](/static/images/20240414_102330_dali-etang.webp)
Parfois, la densité de scooters et vélos sur la voie verte augmente. C'est le signe qu'on s'approche d'un village touristique. Très vite on arrive dans des bouchons, passe devant des rangées de restaurants et cafés, doit éviter les hippies et les vendeur·ses de ballons-fleurs. Les touristes chinois·es arrivent directement en voiture ou en car, et louent un vélo pour pédaler 500 m sur la voie verte en se prenant en photo. Heureusement, ça veut dire qu'en dehors de ces villages, la majorité de la piste est plutôt tranquille.
Après quelques heures, on arrive au village de Xizhou, célèbre pour ses galettes bābā ! (Et oui, c'est pour ça qu'on voulait arriver là.) On se régale de deux de ces fameuses galettes, l'une sucrée et l'autre salée. On accompagne ça avec LE thé du Yunnan, le thé pǔ'ěr.
Sur le chemin du retour, on choisit de couper le parcours en deux et attendre que la météo se rafraîchisse un peu pour rentrer jusqu'à Dali. On s'installe quelque temps dans un café avec vue sur le lac (et sur les passant·es).
Voici une liste non exhaustive de ce qu'on voit passer :
- des scooters électriques, parfois suivis d'un ballon-fleur accroché à l'arrière
- des femmes se faire promener sur des tricycles par leurs compagnons
- des vendeur·ses de souvenirs (notamment de ballons-fleurs)
- des minibus électriques qui relient les villages sans se fatiguer (très populaires parmi les touristes chinois·es, très désagréables quand il faut les dépasser à vélo)
![Un monsieur balade sa femme sur un tricycle rose avec panier à fleurs. La femme en profite pour prendre des photos du lac.](/static/images/20240414_162334_dali-tricycle.webp)
![Un 'hippie' à fausses dreads est sur un petit vélo avec une glace à la main.](/static/images/20240414_162159_dali-hippie-style.webp)
![Une dame vend des ballons en forme de fleurs qui font de grands sourires.](/static/images/20240414_175250_dali-ballons.webp)
Quand la chaleur est retombée et que le soleil commence à s'approcher de l'horizon, on reprend la route. Les dix derniers kilomètres sont les plus durs. On arrive bien fatigué·es, mais avec la satisfaction d'avoir passé une super journée en plein air !
En attendant la prochaine destination, on repose nos cuisses.
— clara & robin Les Bai sont une ethnie minoritaire originaire de la région de Dali. En 2020, il y avait 32% de Bai dans la Préfecture autonome bai de Dali, contre 50% de Han (selon l'article Wikipedia en chinois). ↩ Petite précision : la vieille ville de Dali se trouve sur la côte ouest du lac. Une nouvelle ville appelée Xiaguan (下关, Xiàguān) a été construite à l'extrémité sud du lac. C'est à Xiaguan que se trouve la gare de Dali. Xiaguan est devenue le centre économique de la préfecture de Dali, ce qui lui vaut le surnom de "Nouvelle ville de Dali". Quand on parle de "Dali" dans cet article, on parle bien de la vieille ville, où on trouve la majorité des hôtels et des touristes. ↩ On s'inquiète surtout pour les cuisses de Clara, c'est elle qui traîne à vélo. (Pas du tout, dit-elle, elle profite juste du paysage.) ↩Footnotes