On en entendait déjà parler depuis Chengdu : Dali (大理, Dàlǐ), la ville décontractée, fleurie, où il fait bon vivre et où c'est le printemps toute l'année — la ville des hippies.

Lors de notre passage de deux jours, on y aura bien trouvé décontraction, fleurs et hippies... mais pas comme on l'aurait imaginé.

Hippies

Notre hôtel se trouvait à deux pas des murs du "vieux quartier". Comme beaucoup d'endroits en Chine, ce quartier n'a de vieux que le nom, et la majorité des bâtiments sont nouvellement construits dans un style "ancien".

Ce vieux quartier est le hub commercial et touristique de la ville : bars à la mode, restaurants populaires, magasins d'artisanat, le tout dans un enchevêtrement de ruelles colorées.

On s'y fraye un chemin pour la première fois en soirée. Les rues sont bondées de monde, les commerces sont décorés de guirlandes lumineuses, des stands de snacks se partagent le trottoir, les hippies s'arrêtent aux magasins de souvenirs.

Quatre filles toutes habillées avec une robe blanche et un poncho brodé sur les épaules. L'une d'elles a aussi un fichu brodé sur la tête.
Des hippies

Les "hippies" à Dali ne le sont que pour la durée de leurs vacances. Comme dans tout lieu touristique en Chine, Dali a son dress code. À Xi'an, on s'habille en princesse ; à Shangri-La, c'est en costumes traditionnels tibétains ; à Dali... c'est en hippie.

Un magasin d'habits 'hippies' teints en bleu et blanc. On voit des robes légères et des ponchos tissés.
Un magasin de vêtements "teints à la main" (toujours en bleu et blanc, ne demandez pas pourquoi)
Un magasin d'accessoires brodés : des attrape-rêves, des sacs, des bijoux, des chapeaux, etc.
Un magasin d'accessoires brodés
Un stand dans la rue proposant de tresser des fils de couleurs dans vos cheveux. Un autre stand montrant trois coupes qu'ils peuvent vous faire : tresses colorées, fausses dreads, fichu brodé sur la tête.
Des coiffures "hippies" à choix

Fleurs

Les Chinois·es aiment les fleurs — on le voit rien qu'au choix des arbres qui lignent les routes : flamboyants, arbres corail, sakura, jacarandas ou lilas des Indes plutôt que des platanes. Différentes villes de Chine sont connues (et visitées) pour une fleur spécifique : pivoine à Luoyang, sakura à Wuhan, méihuā à Nanjing.

À Dali (et dans le reste du bas-Yunnan), c'est la rose.

Résultat : en se baladant dans les rues, on remarque tout un tas de produits à base de rose : pâtisseries à la rose (xiānhuā bǐng), jus de rose, alcool de rose, cosmétiques à base de rose, bijoux ou habits à thème rose, etc. Étonnamment, on ne voit pas de rosiers (on en verra plutôt dans des parcs).

La devanture d'un magasin de pâtisseries à la rose, la vitrine est remplie de petits gâteaux colorés.
Un magasin spécialisé en pâtisseries à la rose
La fameuse pâtisserie à la rose — une pâte légèrement feuilletée farcie d'une pâte de sucre et de rose

C'est très bon, mais c'est pas ça qui va combler nos appétits. Heureusement, le centre offre aussi d'autres spécialités culinaires bai1 qu'on s'est empressé·es de goûter.

Robin attend sa commande devant un stand de street food.
Salade de mangue façon bai : des morceaux de mangue croquant, c'est frais, un peu acide et sucré, on adore !
Des petites tables et bébé-chaises sont alignées devant un restaurant populaire. Un bol de soupe de ouilles de riz blanches avec du bœuf, garni d'oignons verts et de sésame.
Petit-dej populaire : nouilles de riz au bœuf Jaune du Sud,avec garniture à choix (小黄牛米线, xiǎo huángniú mǐxiàn)
Sur une grille de BBQ dans la rue, un vendeur de street food nous prépare notre commande. Il enroule la crêpe au fromage autour d'un bâton alors qu'une galette de riz grille sur le côté.
Un stand de spécialisé en shāo ěr kuài (galette de riz farcie) et dèng chuān rǔ shàn (crêpe au fromage)
Clara tient la galette de riz dans ses mains.
Le shāo ěr kuài est une galette de riz gluant grillée et farcie de bonnes choses. C'est tendre, c'est un peu piquant, c'est bon.
La crêpe de fromage est enroulée autour d'un bâton en bois.
Le dèng chuān rǔ shàn est une sorte de crêpe de fromage que l'on peut manger grillée ou crue. Elle peut être servie nature ou avec de la confiture de rose, du lait condensé ou même du chocolat !

Décontraction

Malgré quelques cafés sympas, on n'est pas tombé·es amoureux·ses du vieux quartier. Il était un poil trop touristique et artificiel pour nous. Par contre, on a trouvé la décontraction promise aux abords du centre, à quelques kilomètres de vélo.

Dali se trouve sur la côte ouest du magnifique lac Erhai.2

On apprend qu'une voie verte a été construite tout le long de la côte ouest du lac. On se lève tôt, loue deux vélos à un des nombreux magasins de location du centre, et se lance dans notre première sortie à vélo digne de ce nom depuis des lustres. L'objectif : le village de Xizhou (喜洲, Xǐzhōu), à une vingtaine de kilomètres au nord de Dali, et donc 40 kilomètres aller-retour. Nos cuisses seront-elles encore à la hauteur ?3

Robin et Clara à vélo se prennent en selfie au bord du lac. Ils ont de grands sourires.

Après quelques kilomètres de voie verte, on a compris qu'il n'y a pas beaucoup de cyclistes et encore moins de piéton·nes. La piste est interdite aux scooters et des barrières leur empêchent l'accès, mais si vous voulez louer un scooter électrique SUR la voie verte, pas de soucis. Suite logique : tou·tes les touristes chinois·es sont sur des petits scooters électriques bridés à 20 ou 30 km/h. Ils dépassent beaucoup Clara, et ralentissent Robin qui les dépasse en slalomant (avant de se faire redépasser en attendant Clara plus loin).

Les cheveux au vent (les oreilles au vent pour Robin), on profite de la magnifique voie verte et des bords du lac. On est très content·es de remettre les pieds aux pédales — quelle sensation libératrice que de rouler après tous ces mois limités à la vitesse de nos pas !

Robin prend un virage à vélo, on voit le lac et des montagnes en fond.

Des 'hippies' en habits bleu et blanc se baladent sur l'herbe entre les arbres.

Clara se retourne pour sourire à la caméra alors qu'elle pédale.

On traverse des coins de verdure, on fait des slaloms, des pauses sous les arbres ou au bord de l'eau. De temps à autre, on quitte la voie verte pour visiter un village sur le chemin. On prend quelques photos d'architecture bai et des champs qui s'étendent au loin.

Clara pédale dans un village bai dont on reconnaît l'architecture distinctive : murs blancs, toits gris et bande décorative au sommet des maisons. Robin pédale dans les ruelles en montrant une bande décorative peinte sur un mur.

Un toit bai aux coins remontant vers le ciel.

La bande décorative d'un bâtiment : des arbres en fleur, des oiseaux et calligraphie y sont peints.

Robin observe les montagnes s'élevant au loin.

Un champ d'oignon vert s'étend jusqu'aux maisons d'un village. Un étang, des maisons et les montagnes qui s'effacent dans le ciel.

Parfois, la densité de scooters et vélos sur la voie verte augmente. C'est le signe qu'on s'approche d'un village touristique. Très vite on arrive dans des bouchons, passe devant des rangées de restaurants et cafés, doit éviter les hippies et les vendeur·ses de ballons-fleurs. Les touristes chinois·es arrivent directement en voiture ou en car, et louent un vélo pour pédaler 500 m sur la voie verte en se prenant en photo. Heureusement, ça veut dire qu'en dehors de ces villages, la majorité de la piste est plutôt tranquille.

Après quelques heures, on arrive au village de Xizhou, célèbre pour ses galettes bābā ! (Et oui, c'est pour ça qu'on voulait arriver là.) On se régale de deux de ces fameuses galettes, l'une sucrée et l'autre salée. On accompagne ça avec LE thé du Yunnan, le thé pǔ'ěr.

Le vendeur de galettes sort de l'arrière boutique pour venir nous vendre ses spécialités. Il nous sert une galette aggrémentée de viande et d'oignon vert.
Petit stand spécialisé en galettes bābā
Le thé est servi dans une théière en verre, avec une poignée en bois sur le côté.
Thé pǔ'ěr (originaire du Yunnan), dont les feuilles sont fermentées
Une vendeuse au marché fait sauter des aliments dans une poêle. Elle porte une coiffe colorée qui retient ses cheveux. Une vielle vendeuse est assise au milieu de ses marchandises. Elle porte un habit bleu et une coiffe similaire à la première vendeuse.
Vendeuses au marché du village de Xǐzhōu

Sur le chemin du retour, on choisit de couper le parcours en deux et attendre que la météo se rafraîchisse un peu pour rentrer jusqu'à Dali. On s'installe quelque temps dans un café avec vue sur le lac (et sur les passant·es).

Voici une liste non exhaustive de ce qu'on voit passer :

  • des scooters électriques, parfois suivis d'un ballon-fleur accroché à l'arrière
  • des femmes se faire promener sur des tricycles par leurs compagnons
  • des vendeur·ses de souvenirs (notamment de ballons-fleurs)
  • des minibus électriques qui relient les villages sans se fatiguer (très populaires parmi les touristes chinois·es, très désagréables quand il faut les dépasser à vélo)
Un monsieur balade sa femme sur un tricycle rose avec panier à fleurs. La femme en profite pour prendre des photos du lac.
Une dame et son compagnon à tricycle
Un 'hippie' à fausses dreads est sur un petit vélo avec une glace à la main.
Un hippie stylé à vélo
Une dame vend des ballons en forme de fleurs qui font de grands sourires.
Une vendeuse de ballons-fleurs

Quand la chaleur est retombée et que le soleil commence à s'approcher de l'horizon, on reprend la route. Les dix derniers kilomètres sont les plus durs. On arrive bien fatigué·es, mais avec la satisfaction d'avoir passé une super journée en plein air !

En attendant la prochaine destination, on repose nos cuisses.

— clara & robin

Footnotes

  1. Les Bai sont une ethnie minoritaire originaire de la région de Dali. En 2020, il y avait 32% de Bai dans la Préfecture autonome bai de Dali, contre 50% de Han (selon l'article Wikipedia en chinois).

  2. Petite précision : la vieille ville de Dali se trouve sur la côte ouest du lac. Une nouvelle ville appelée Xiaguan (下关, Xiàguān) a été construite à l'extrémité sud du lac. C'est à Xiaguan que se trouve la gare de Dali. Xiaguan est devenue le centre économique de la préfecture de Dali, ce qui lui vaut le surnom de "Nouvelle ville de Dali". Quand on parle de "Dali" dans cet article, on parle bien de la vieille ville, où on trouve la majorité des hôtels et des touristes.

  3. On s'inquiète surtout pour les cuisses de Clara, c'est elle qui traîne à vélo. (Pas du tout, dit-elle, elle profite juste du paysage.)

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