Après un mois en Chine, on sait à quoi s'attendre dans les lieux touristiques : grands parkings bétonnés, queues interminables, téléphériques, plateformes panoramiques, etc.

Autant dire qu'on a quelques appréhensions avant d'arriver aux fameuses rizières en terrasse de Yuanyang (元阳, Yuányáng)...

Twist : malgré quelques plateformes panoramiques (il en faut bien), Yuanyang est une des régions les plus calmes et agréables qu'on ait traversé en Chine.

Dodo dans la sérénité

On prend une chambre triple avec So dans un petit hôtel très confortable. Les murs de la salle de bain ne sont PAS vitrés (seulement la porte) ! Ça commence bien.

On est surpris·es de croiser très peu de touristes dans notre village de Huangcaoling (黄草岭, Huángcǎolǐng) pendant notre première soirée.1 On profite de ce calme pour explorer le village et les rizières alentours.

Robin et So sont tout sourires en découvrant la chambre d'hôtel Vue de notre chambre : des petites rizières vertes privées
Pour une fois, on est très content·es de notre hôtel.
Dans une ruelle du village, une poule et ses cinq petits poussins picorent.
Dans le village, on passe des poussins...
En descendant le long de la route, on croise des enfants rentrent de l'école en courant.
... et d'autres poussins excités de rentrer de l'école.
Des rizières vues d'en haut. Trois personnes marchent plus bas sur les bords des bassins. Entre deux arbres, on aperçoit un agriculteur travaillant dans sa rizière très verte.
On voit nos premières rizières chinoises de près ! Ça nous rappelle Sa Pa (on n'est pas très loin, de l'autre côté de la frontière sino-vietnamienne)

Selfie de Robin, So et Clara devant une rizière.

Un groupe de 16 canards sont au milieu d'un chemin qui descend. Robin, accroupi, prend en photo le groupe de canards. Clara, accroupie, prend en photo Robin qui prend en photo les canards.
(1) De magnifiques canards, (2) Robin qui prend en photo les canards, (3) Clara qui prend en photo Robin qui prend en photo les canards.

Alors que le soleil descend sur l'horizon, on se balade en équilibre sur les bords des rizières, jusqu'au moment où on voit un monsieur devant nous s'arrêter subitement et abattre son seau en plastique sur un serpent. Il nous fait signe de faire demi-tour, on obéit immédiatement.

Au retour, on regarde beaucoup nos pieds, qui nous paraissent très vulnérables dans leurs sandales. On arrive vivant·es à un petit resto avec vue et après cette expérience de mort imminente2, la bière chinoise pas chère a encore meilleur goût.

Rizières vues d'en haut à la lumière de fin d'après-midi. Le ciel bleu et rose se reflète dans les bassins. So et Robin marchent le long d'un bassin, Robin regarde ses pieds.
On s'engage plus profondément dans les rizières avant de vite faire demi-tour.
On trinque, des bières à la main, assis sur une plateforme construite au-dessus d'un bassin.
Santé !

Lever de soleil à Duoyishu

Pour une fois, et malgré leur inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2013, pas besoin de ticket d'entrée pour visiter les rizières en terrasses de Yuanyang. Mais il faut bien faire tourner la machine, et il y a donc quelques belvédères payants réputés comme ayant les plus belles vues des rizières. À en croire les guides, il faut ABSOLUMENT voir le lever de soleil depuis le belvédère de Duoyishu ET le coucher de soleil depuis le belvédère de Bada.

On a payé ce fameux ticket d'accès aux belvédères, et pour être honnêtes, ça ne vaut pas les 70 yuans par personne3 : en explorant un peu, il est facile de trouver des points de vue tout aussi magnifiques loin des plateformes panoramiques, et surtout loin des touristes !

Le soleil va bientôt se lever sur les rizières de Duoyishu. Le ciel est encore endormi, les nuages sont roses-orangés. Les bassins à quelques centaines de mètres plus bas sont comme des miroirs sombres,
Le plus beau lever de soleil à 6 h du matin depuis la belvédère de Duoyishu (多依树, Duōyīshù guān jǐng tái).

Les bassins s'éclaircissent, prenant une couleur bleue-argentée. Les nuages roses se reflètent dans l'eau par endroits.

So et Robin se tiennent face aux rizières de Duoyishu, alors que le soleil se lève tout juste. Posé devant eux : un thermos rempli de café.
On n'oublie pas le thermos de café...
Un peu plus loin sur le belvédère, de nombreux autres touristes présents pour le lever du soleil.
...ainsi que tou·tes nos compagnon·nes de belvédère, arrivé·es de bonne heure en car touristique.
Des barbelés entourent le belvédère.
Le belvédère est mieux protégé qu'une ambassade américaine. Il ne faudrait surtout pas que quelqu'un puisse voir les rizières gratuitement !

Randos dans les rizières

Après avoir regardé le soleil se lever sur la vallée de Duoyishu (check), on prend le petit-dej à l'hôtel, remplit une bouteille d'eau, met une casquette, et part à l'aventure.

Le soleil est haut dans le ciel et fait briller l'eau des rizières. Des agriculteurs vont travailler en file indienne, marchant entre deux bassins.

Une ribambelle de canards bronzent au soleil, debout côte à côte au bord d'un bassin.

Panorama de rizières très colorées. On voit du vert, du violet, du bleu et du brun. En fond, des montagnes se découpent dans le ciel.

Robin et So descendent en direction des rizières le long d'un petit chemin de terre à peine dessiné.

Notre carte indiquait un chemin de rando à travers les rizières jusqu'au village de Azheke (阿者科, Āzhěkē). Quand on dit "à travers les rizières", on veut bien dire "à travers les rizières" : on suit comme on peut la trace GPX qui nous fait marcher sur les minuscules digues de terre sèche qui séparent les bassins.

Évidemment, on finit par se perdre (est-ce qu'on est censé·es longer ce bassin-ci ou ce bassin-là ? Rien n'est indiqué bien sûr). On a de la chance : un agriculteur a pitié de nous et nous dit de l'accompagner. Il est en petites sandales et on a de la peine à suivre son rythme malgré nos chaussures de marche solides : il nous fait descendre, monter, redescendre en équilibre entre deux bassins, marcher dans un petit ruisselet, et nous amène finalement à une section du chemin bétonnée — on est de retour sur l'itinéraire.

Un agriculteur portant un chapeau de cow-boy, un petit sac en toile et des tongs nous montre le chemin.
Le monsieur qui nous aide à retrouver notre chemin.

Clara suit le monsieur qui nous montre le chemin. Ils descendent le long des rizières.

On le remercie abondamment et on continue seul·es, avant de se perdre à nouveau dix minutes plus tard. On demandera notre chemin à beaucoup de monde ce jour-là ("Azheke ?" en pointant une direction du doigt), presque toujours à des agriculteur·trices qui labourent leurs rizières avec un buffle, reconstruisent une petite digue écroulée (celles sur lesquelles on marche, ça donne confiance) ou plantent des jeunes pousses de riz.

Vous n'imaginez pas à quel point c'est difficile de trouver le bon chemin quand il y en a des centaines, et qu'ils zigzaguent dans tous les sens entre les bassins.

Rizières vues de profil, un agriculteur avec un panier en osier sur le dos s'éloigne en marchant sur le bord du bassin. Clara marche sur une section bétonnée entre deux rizières.

So et Robin descendent dans la vallée. Les bassins des rizières sont construites à perte de vue.

Un bassin rempli de petites pousses vertes
De jeunes pousses de riz sont plantées dans un bassin...
Un homme rassemblent les pousses de riz vertes en grosses bottes.
...avant d'être rassemblées en bottes...
Deux agriculteurs amènent les bottes de pousses au bord d'un bassin pour pouvoir les replanter.
...puis replantées dans d'autres bassins, plus espacées.
Clara et So regardent leurs pieds et marchent en équilibre entre deux rizières.
Des sections sont plus ou moins faciles à traverser, selon la largeur et la qualité des digues.

Le lendemain, on fait une autre rando de Qingkou (箐口, Qìngkǒu) jusqu'au belvédère de Bada (坝达观景台, Bàdá guān jǐng tái). Les vues ressemblent à celles de la veille — des rizières —, mais cette fois (1) le chemin est plus ou moins bien indiqué, (2) on traverse la forêt, (3) on ne se fait mordre par aucun serpent, et (4) on échappe tout juste à la pluie en se réfugiant sous un pavillon.

So et Robin marchent sur un chemin traversant une forêt très verte.
Sur une pierre à l'entrée de la forêt : "Veillez au serpent et insecte" en trois langues.

Un chemin de terre serpente entre les arbres et les buissons de la forêt. On aperçoit à peine le ciel.

Un panorama donnant sur des rizières en escalier qui s'étendent à perte de vue.

Clara et Robin, assis sur un banc sous le pavillon. La pluie tombe autour d'eux.
On se réfugie sous un petit pavillon tout juste avant l'orage.

Marché à Niujiaozhai

On complète ces randos dans les rizières par des balades dans les villages. Les poules sont omniprésentes, mais on voit aussi...

Un bouchon de voitures est causé par un petit groupe de buffles marchant sur la route.
... des gens qui promènent leurs buffles et bloquent les voitures des touristes
Une longue bande de tissu bleu sèche, accrochée à des branches de bambou.
... des tissus comme celui-ci qui sèchent. Est-ce qu'ils sont teints à l'indigo, comme ça se fait aussi à Sa Pa ?
Une vieille dame porte un grand tas de branches sur son dos.
... des personnes âgées qui portent des charges énormes : du bois, des sacs de riz, ou autre.
Robin s'agenouille pour prendre une photo de papillon de tout près. La photo de papillon que Robin a pu prendre : des ailes noires et blanches, une pointe de rouge sur l'arrière.
... de la faune intéressante. Robin continue la photographie animalière.

Le matin du deuxième jour, on prend un minibus partagé6 pour visiter le village de Niujiaozhai (牛角寨, Niújiǎozhài) qui accueille quelques fois par semaine un marché que les touristes appellent le "marché des minorités" (parce que des membres de plusieurs minorités ethniques de la région s'y retrouvent).

Des vendeuses en habits traditionnels proposent leurs légumes et produits à même le sol. Quelques parasols sont ouverts pour les protéger du soleil. Un stand de tissu aux motifs traditionnels.
Au marché, on vend légumes, viade, habits, viande, tabac pour les grandes pipes de bambou qu'on voit tout le monde fumer, et bien plus encore. On vous épargne les photos des animaux vivants en tous genres entassés dans des cages.

Scène de marché : les stands de vendeuses d'herbes en tous genres se font face, des gens passent en regardant les marchandises.

À travers une porte ouverte, on voit un bricoleur s'atteler à un projet dans son atelier.

Sur la table, une grille où dorent des tofus puants. Les vendeuses discutent entre elles.
Au milieu de la place du marché, sous une grande tente, des dizaines de stands servent un seul plat pour le petit-dej : du tofu grillé qu'on trempe dans une sauce épicée. On fait comme tout le monde et s'installe.

Robin et So échangeraient bien un morceau de tofu contre un café. (Clara préfère s'abstenir quand il s'agit de café instantané.) Seul problème : personne n'en sert une seule goutte. Heureusement, on trouve des sachets dans un petit supermarché et demande de l'eau chaude à un restaurant, qui accepte gentiment et nous en donne dans un saladier. Il n'y a pas de tasses (c'est un restaurant de nouilles) mais il y a des bols et des cuillères. Ça fera l'affaire.

Un petit paquet de café instantané pour une tasse.
(1) Trouver un paquet de café instantané (vraiment pas facile, on a dû poser la question dans pas mal de magasins).
À la table du restaurant, Robin et So ouvrent leurs paquets de café instantané et les vide dans leurs bols.
(2) Trouver de l'eau chaude et vider le paquet dans un bol.
Robin ajoute de l'eau à son bol et mélange le tout. La mixture a une couleur brun-clair.
(3) Ajouter l'eau et mélanger avec la cuillère à soupe de nouilles jusqu'à ce que le café soit plus ou moins dissous. Déguster.

Le soir, de retour à notre village fatigué·es après la rando et l'attente d'un minibus, on partage comme les autres jours un repas à base de riz rouge de Yuanyang (évidemment) avec différents plats végétariens à choix (légumes sautés, tofu, œufs, cacahuètes). Robin, seul homme du groupe, a la "chance" d'être invité à trinquer à l'alcool de riz (très fort et pas bon du tout) par d'autres touristes chinois.

Robin et deux Chinois lèvent leurs petits verres de liqueur pour trinquer.
Re-santé !

Nous qui nous attendions à des rizières-musée, Yuanyang nous aura étonné·es en bien ! On a adoré pouvoir marcher au milieu des rizières encore entretenues et exploitées par des locaux, et assister à la vie animée des villages.

Après trois jours, So repart vers le nord où elle va traverser le Tibet dans le sens inverse. On part vers le sud : après un mois en Chine, on prend un dernier bus qui nous amène jusqu'à la frontière vietnamienne.

Zài jiàn et xin chào !

— clara & robin

Footnotes

  1. Notre hypothèse : la majorité des touristes viennent en car touristique ou en voiture à la journée et ne restent pas la nuit, d'où le calme en soirée.

  2. On s'informe sur internet par la suite. Apparemment, ces serpents de rizières aiment sortir chasser le soir et sont "légèrement venimeux" (source : Wikipédia).

  3. Pour vous donner une idée, 70 yuans, c'est le prix d'une nuit d'hôtel pour deux dans la région.

  4. Le xian de Yuanyang est composé à 90% d'ethnies minoritaires. Les Hani y sont en majorité, suivis de groupes comme les Yi, les Miao, les Yao, les Zhuang, les Dai, et autres. On a lu quelque part que la langue Hani (tibéto-birmane), et non pas le chinois (langue sinitique) est la lingua franca dans la région.

  5. Plus d'infos sur l'article de la BBC The marvel of China's multi-generational rice terraces.

  6. C'est le transport principal de la région. Des petits minibus privés à six places (mais où on peut serrer huit personnes en ajoutant un petit tabouret entre les sièges) font des allers-retours entre les villages, et on peut les arrêter n'importe où pour négocier un trajet. 10 yuans par personne pour un court trajet (environ 15 minutes), pour un trajet plus long on négociait 50 yuans pour nous trois.

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