Après notre traversée du Tibet et le calme relatif de Dali, on réatterrit en terrain urbain. Bienvenue à Kunming (昆明, Kūnmíng), dont les 8,46 millions d'habitant·es n'en font que la 16ème plus grande ville de Chine.

Canal traversant Kunming illuminé durant la nuit.

Robin et So traversant un pont aux airs futuristes au milieu des gratte-ciels de la ville.

Il y a du monde, mais en termes de tourisme, il n'y a pas grand-chose à y faire. Kunming ne figure que rarement sur les itinéraires, à part comme ville étape. Ne rien faire (ou presque) : c'est exactement ce dont on avait besoin.

Explorer l'hôtel

On est super content·es de retrouver So à Kunming. (On l'avait rencontrée en même temps que Clo lors de notre passage à Boukhara, en Ouzbékistan.) On décide de partager une chambre triple dans un petit hôtel.

Vous le sentez arriver, non ?

Comme d'habitude, les "murs" de la salle de bain sont vitrés et pas du tout isolés.

Cette fois, en bonus, il y a aussi une sorte de boîte qu'on retrouve souvent dans les chambres d'hôtel en Chine. Après l'avoir branchée, ça marche un peu comme un distributeur automatique : on peut acheter les trésors qu'elle contient en payant avec un code QR. Les trésors en question peuvent être des chargeurs de téléphone, des cigarettes, des snacks ou boissons, des préservatifs.

Dans la boîte de cette chambre d'hôtel pour trois personnes, on peut apparemment acheter... une poupée gonflable ? On n'est pas sûr·es parce que le paquet est à l'envers dans la boîte. On essaie de secouer le tout pour élucider le mystère, mais rien n'y fait. Et comme il faut qu'on respecte notre budget, on n'a pas acheté l'objet pour vérifier. Peut-être la prochaine fois.

Faire la lessive

Après qu'un t-shirt soit passé par les cases (1) sale mais mettable et (2) bien aéré pendant la nuit pour pouvoir le reporter, il y a un moment où il faut se rendre à l'évidence, et faire une lessive. Heureusement, le réceptionniste de l'hôtel sauve notre vie sociale lorsqu'il nous dit que les lessives sont gratuites. Rendez-vous le lendemain à 9h, il nous montrera où se trouve la machine.

Le lendemain à 9h, je (Clara) suis prête, un gros sac de linge sale à la main. Le réceptionniste me mène... en dehors du bâtiment ? Il avance vingt mètres plus loin, entre dans une cour, dans un autre bâtiment, monte trois étages jusqu'au toit ouvert, et me laisse avec une dame avant de s'en aller sans un mot.

La dame travaille-t-elle ici ? Aucune idée. Elle finit par m'indiquer une machine qui ne ressemble à rien de ce que je connais. La voici :

Contre le mur, on voit différentes machines à laver très différentes de celles qu'on voit en Europe.
Les différentes machines à disposition
La machine à laver n'a pas de couvercle et est déjà préremplie d'eau.
La machine qu'elle me montre : un simple trou béant

J'hésite un peu puis vide notre sac de linge sale dans cette bassine d'eau. La dame rajoute un peu de produit lessive et active un bouton. La machine se met à tourner, ouverte à tous les vents. Je devine que la lessive devrait se terminer dans une dizaine de minutes (le bouton activé à l'air d'indiquer un compte à rebours).

En attendant, je regarde la dame travailler à côté de moi. Elle a l'air de gérer plusieurs lessives à la fois, chacune à son stade spécifique : lavage, rinçage, essorage, séchage. Elle me quitte avant que ma lessive ne soit terminée. Heureusement, je l'ai bien observée et me sens prête à entreprendre seule la suite de ce processus semi-manuel — enfin, j'espère.

Je sors notre linge de la machine pour le mettre dans un grand bac vide que je remplis d'eau. J'y rince nos habits plusieurs fois. Lorsqu'ils sont rincés, les habits vont dans une deuxième machine très similaire à la première, mais qui sert cette fois à essorer. Pour l'activer, pas de bouton, il faut brancher un câble, puis le débrancher quelques minutes plus tard pour l'éteindre. Finalement, il ne reste plus qu'à tout faire sécher sur les fils tendus.

Sur le toit ouvert du bâtiment, les draps blancs de l'hôtel sèchent sur des fils tendus.
Les fils tendus où la dame fait sécher les draps de l'hôtel

Deux heures plus tard...

On est de retour sur le toit avec So et Robin pour récupérer nos affaires. Horreur, plusieurs vêtements se sont envolés et sont éparpillés sur le toit. Tout est là, sauf un t-shirt qui a vraisemblablement essayé de s'échapper et a fini sur le toit d'un petit resto, deux étages plus bas. À l'aide d'un long bâton qui traîne par là et malgré les aboiements d'un petit chien qui voudrait garder le bâton, on part à la rescousse.

Illustration du t-shirt tombé sur le toit du restaurant trois étages plus bas. Il crie "sauvez-moi".

Sous les regards client·es ébahi·es (et la bouche pleine), on parvient à attraper le t-shirt et à le récupérer.

Robin frotte le ventre d'un chiot couché sur le dos.
Sur le chemin de sortie, Robin fait des câlins à un petit chiot trop mignon.

Faire... pas grand chose

Après toutes ces émotions, on est content·es de remplir nos journées de pas grand-chose : stops dans des cafés, balades dans les rues, dans les parcs.

Robin entre chez un coiffeur, dans une petite ruelle aux bâtiments bas.
On passe par des ruelles
À l'ombre d'un grand pont, plusieurs groupes jouent au mah-jong à différentes tables.
On passe sous un pont où les gens se retrouvent pour jouer au mah-jong
Des motos et scooters sont parquées le long d'un trottoir. On voit quelques piétons forcés de marcher sur la route.
On passe sur un trottoir et sent la proximité du Vietnam
Des arbres aux fleurs violettes poussent le long du canal. Un bâtiment s'élève jusqu'au ciel en fond. Au bord du lac, un panneau décrit plusieurs interdictions de pêche en tous genres (avec filet, au harpon, à la canne-à-pêche, au filet à main).
On passe le long d'un canal, puis le long du lac de Kunming (où il est interdit de pêcher au filet, de pratiquer l'électropêche, de pêcher à la canne, ou de pêcher au filet à papillon — il est donc autorisé de pêcher à l'explosif)
Clara et So marchent dans le parc à roses au milieu des buissons en fleur et des touristes qui prennent des photos.
On passe par le parc à roses (celles qu'on mange à Dali, et ici aussi)
À travers une vitrine, on voit les plats à choix proposés par une cantine.
On passe par une cantine populaire
Grande rue d'un quartier central : panneaux de promotions, restaurants, magasins de souvenirs et tout un tas de visiteurs.
On passe par le vieux centre

Autant dire qu'à la fin de ces journées bien chargées, ça fait plaisir de prendre une petite bière fraîche. Le premier soir, on s'installe à une table de restaurant au milieu d'une petite place du centre-ville.

Alors qu'on sirote tranquillement nos bières pas chères avec des glaçons (6 yuan, c'est imbattable), un monsieur vient s'asseoir sur la chaise à côté de Robin. Il le prend par les épaules et sourit à l'appareil photo qu'une dame brandit trois mètres plus loin. Avant qu'on ait le temps de réagir, il se lève et repart.

On réalise qu'il fait partie d'un groupe de touristes chinois·es, sourd·es et/ou muet·tes. Alors qu'on rigole encore de la situation, une dame vient prendre sa place pour une autre photo. On entre dans le jeu et on fait de grands sourires. Grosse erreur : très vite, tout le monde veut avoir sa photo à notre table et une petite file se forme.

À notre petite table au milieu de la place, Robin, So et une touriste chinoise sourient à la caméra en faisant un pouce.
Sous le feu des projecteurs...
Dans les coulisses : le reste du groupe de touristes chinois observent la scène en souriant et prenant des photos.
...et en coulisses

Est-ce que c'est ça la célébrité ?

Visiter Guandu

À l'époque, Guandu était un petit village. Aujourd'hui, Guandu est un quartier de Kunming, un peu excentré mais très bien connecté par le métro. Il est connu pour son architecture traditionnelle, ce qui en fait une des rares attractions un minimum touristiques de la ville.

Dans un métro blanc et ultra-moderne, des pubs sont diffusées par la vitre sur le mur du tunnel.
Le métro de Kunming où des pubs sont projetées sur les murs du tunnel

Comme d'habitude, les commerçant·es de la rue principale utilisent tous les moyens possibles pour attirer notre attention. Promotions colorées, haut-parleurs criant les dernières bonnes affaires, promotrices qui font goûter snacks et boissons. Ça fait un bruit pas possible.

La grande rue commerciale de Guandu : très propre, vieux bâtiments décorés de lampions, restaurants et autres commerces.
La rue commerciale de Guandu. Ça paraît plutôt calme en image, non ?

Heureusement, on ne vient pas à Guandu pour sa rue commerciale mais pour ses six temples, sept pavillons et huit sanctuaires. On ne sait pas exactement comment un temple se différencie d'un sanctuaire, mais ça nous a donné un bon nombre de refuges. On a aimé visiter ces îlots de calme, où petites tortues et poissons nagent entre les dents de dragons.

Dans un petit étang de temple nagent poissons et tortues. On aperçoit un poisson se réfugier dans la gueule d'une statue de dragon alors qu'une petite tortue fait une pause sur sa tête.
Remarquez la petite tortue sur la tête du dragon
Un temple coloré de Guandu au sommet de quelques marches Une 'ruelle' calme du temple
Temple Miaozhan à Guandu
Une série de statues peintes dans un bâtiment du temple.
Le code QR devant les statues ? Il est là pour faire un don au temple avec son smartphone.

Kunming aura été exactement la pause qu'il nous fallait après notre itinéraire à travers le Tibet. Son atmosphère nous a rappelé certains coins d'Asie du Sud-Est : les motos partout, la chaleur et l'humidité, une ambiance un peu chaotique. Plutôt que le choc culturel que ça nous avait fait en 2017, cette fois, on sent qu'on se rapproche d'un terrain connu. Ça fait plaisir !

Après trois jours à Kunming, on continue le voyage avec So en direction des fameuses rizières en terrasse de Yuanyang. Rendez-vous au prochain chapitre.

— clara & robin

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